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Chiropraxie et cryothérapie dans les pathologies inflammatoires

ARTICLES SCIENTIFIQUES

1. Résumé exécutif

La chiropraxie (thérapies manipulatives / SMT — Spinal Manipulative Therapy) et la cryothérapie (locale ou corps entier, WBC) montrent des effets cliniques positifs sur la douleur et, pour certaines séries d’études, des modifications de marqueurs inflammatoires (CRP, IL-6, IL-1β, IL-10). Les preuves sont toutefois hétérogènes : la chiropraxie a surtout une force de preuve sur la symptomatologie musculo-squelettique (lombalgie, cervicalgie) tandis que la cryothérapie a des preuves émergentes pour réduire certains biomarqueurs inflammatoires et l’activité de maladie dans la polyarthrite rhumatoïde. Les deux approches peuvent être considérées comme complémentaires aux traitements standards, après sélection et information du patient. PubMed+1BioMed Central

2. Preuves cliniques et biologiques

Chiropraxie / SMT

  • Efficacité clinique (douleur / fonction) : plusieurs revues et guidelines (ACP, revues Cochrane/PMCID) indiquent que la SMT peut offrir une amélioration modeste à courte terme de la douleur et de la fonction pour les lombalgies non-radiculaires, et figure parmi les options non-pharmacologiques recommandées. La qualité des preuves est souvent qualifiée de faible à modérée selon les revues. PubMedPMC
  • Marqueurs inflammatoires : études exploratoires ont observé des variations après séries de manipulations — par exemple une étude de 2010 (9 manipulations lombaires) montrant des changements d’IL-6 et de CRP, et une étude plus récente (2020) exploratoire notant des altérations limitées mais significatives de plusieurs médiateurs inflammatoires après SMT. Ces résultats suggèrent un potentiel effet modulateur mais restent préliminaires et demandent des essais randomisés plus larges. PubMedBioMed Central

Cryothérapie (locale et Whole-Body Cryotherapy — WBC)

  • Efficacité clinique : essais randomisés et revues montrent une réduction de la douleur et, dans certains essais sur la polyarthrite rhumatoïde (PR), une baisse du score DAS28 et de la consommation d’antalgiques après WBC comparée à soins habituels. Les effets cliniques sont en général de taille modérée mais cliniquement pertinents dans certains groupes. PubMedPMC
  • Marqueurs biologiques : méta-analyses récentes montrent que la WBC tend à réduire IL-1β et augmenter IL-10, et peut diminuer la hs-CRP après plusieurs séances, indiquant un effet anti-inflammatoire systémique plausible. Les résultats varient selon les populations (athlètes, patients RA, sujets obèses). NaturePMC

3. Protocoles pratiques et paramètres usuels

Chiropraxie / SMT — protocole typique observé en études cliniques

  • Durée d’un cycle : fréquemment 6–12 séances sur 2–8 semaines selon l’étude / protocole clinique.
  • Fréquence : 1–3 séances/semaine en phase initiale puis réévaluation.
  • Techniques : manipulations HVLA (haute vélocité, faible amplitude), mobilisations articulaires, travail sur tissus mous et exercices complémentaires.
  • Mesures d’évaluation : EVA (douleur), ODI / RMQ (handicap lombaire), amplitude de mouvement, suivi éventuel de CRP / IL-6 si objectif de mesurer l’effet inflammatoire. PMCBioMed Central

Cryothérapie corps-entier (WBC) — paramètres observés dans la littérature

  • Températures : généralement −100 °C à −160 °C (parfois allant jusqu’à −190 °C dans certains centres historiques), en air sec.
  • Durée d’exposition : 1 à 3 minutes par séance.
  • Fréquence / nombre de séances : protocoles variables — de 10 à 20 séances est courant pour les études sur PR ; d’autres études utilisent des séances quotidiennes sur 2–3 semaines, ou 2–3 fois par semaine.
  • Cryothérapie locale : sessions plus courtes et ciblées (minutes), adaptées à une articulation ou zone précise.
  • Mesures d’évaluation : VAS, DAS28 (pour PR), CRP/hs-CRP, IL-1β, IL-6, IL-10, scores de qualité de vie. orgclinexprheumatol.orgWiley Online Library

Remarque : il n’existe pas (aujourd’hui) de standard universel accepté pour la WBC (température exacte, nombre de séances) — les protocoles restent hétérogènes entre centres et études.

4. Sécurité et contre-indications (essentielles)

Chiropraxie / SMT — précautions

  • Contre-indications absolues : signes de lésion structurelle sérieuse (suspicion de fracture, instabilité vertébrale, cancer primitif/secondaire de colonne, infection vertébrale active), syndrome de la queue de cheval, déficits neurologiques progressifs, pathologies causant fragilisation osseuse importante (ostéoporose sévère non traitée), absence de diagnostic clair.
  • Cervical : la manipulation cervicale exige vigilance (antécédents d’AVC, insuffisance vertébro-basilaire) — pré-évaluation des facteurs de risque et consentement informé. Les effets indésirables sont généralement bénins (douleur transitoire) ; les événements graves sont rares mais doivent être recherchés. PMC+1

Cryothérapie (WBC) — contre-indications importantes

  • Contre-indications absolues / à haut risque : syndrome de Raynaud, cryoglobulinémie, cryofibrinogénémie, maladies vasculaires périphériques sévères, phlébite/antécédent d’embolie veineuse récente, insuffisance cardiaque instable, angor instable, grossesse (la plupart des centres la déconseillent), hypersensibilité au froid (urticaire au froid), maladie chronique non contrôlée (HTA non contrôlée), troubles rénaux aigus, etc.
  • Risques observés : brûlures, engelures locales, hausses transitoires de la pression artérielle, malaise, arrêt de séance pour intolérance (données d’études rapportent des arrêts pour effets indésirables dans certaines séries). Les recommandations récentes d’experts et d’un groupe de travail international listent ces contre-indications (position paper 2025). PMCFrontiers

5. Pour quelles pathologies inflammatoires les preuves sont-elles plus solides ?

  • Polyarthrite rhumatoïde (PR) : plusieurs essais et revues montrent des réductions de la douleur et du DAS28 après WBC en complément de rééducation ; modifications de cytokines observées (IL-1β ↓, IL-10 ↑). Preuve modérée mais prometteuse. PubMedPMC
  • Ostéoarthrose / douleur mécanique inflammatoire locale : preuves mixtes — cryothérapie utile pour le soulagement aigu de la douleur, amélioration de la réadaptation ; SMT utile pour lombalgies mécaniques (preuve clinique). ScienceDirectPubMed
  • Spondylarthrite ankylosante : peu de données robustes spécifiques ; la prise en charge reste surtout pharmacologique (biothérapies) et rééducative ; cryothérapie/SMT peuvent être envisagées comme aides symptomatiques mais la preuve est limitée.
  • Fibromyalgie : données pilotes montrent parfois amélioration de la douleur et du sommeil après WBC, mais la variabilité est grande ; SMT peut aider à certains tableaux douloureux associés, pas comme traitement de fond. Frontiers

6. Recommandations concrètes et algorithme clinique pratique (proposé)

  1. Évaluation initiale
    • Diagnostic précis (classification inflammatoire vs mécanique), bilan de base (CRP, VS, tests spécifiques selon contexte), recherche de red flags.
  2. Sélection du patient
    • Favoriser WBC pour : patients RA symptomatiques malgré rééducation, patients cherchant réduction de douleur/consommation d’antalgiques ; exclure contre-indications cardiovasculaires/vasculaires.
    • Favoriser SMT pour : lombalgies/meilleurs résultats à court terme sur douleur et fonction chez patients sans signaux d’alerte (aucune instabilité/lésion grave).
  3. Protocole d’essai thérapeutique
    • SMT : 6–12 séances sur 4–8 semaines + évaluation EVA/ODI/ROM à 4 et 8 semaines.
    • WBC : série de 10–15 séances (p.ex. 5 sessions/semaine pendant 2–3 semaines ou 3×/semaine), exposition 1–3 min à −100/−140 °C selon installation ; réévaluer douleur (VAS), fonction, DAS28/CRP si PR après 2–3 semaines.
  4. Mesures de suivi
    • Clinique (EVA, questionnaires de fonction), biologique (CRP/hs-CRP si objectif inflammatoire), effets indésirables. Arrêter si inefficacité clinique ou survenue d’effets indésirables majeurs.
  5. Combinaisons utiles
    • SMT + exercices thérapeutiques + éducation.
    • WBC + programme de rééducation, physiothérapie, adaptation des traitements pharmacologiques par le rhumatologue. PMCWiley Online Library

7. Limites des données et besoins en recherche

  • Petites tailles d’échantillons, hétérogénéité des protocoles (surtout pour la WBC), manque d’études longues et multicentriques contrôlées.
  • Besoin d’essais randomisés comparant WBC vs sham / cryothérapie locale et de travaux mécanistiques sur la modulation immunologique durable de la SMT. BioMed Centralorg

8. Conclusions pratiques (pour un clinicien ou un patient)

  • Pour la douleur musculo-squelettique (lombalgie non-radiculaire, cervicalgie) : la chiropraxie est une option non-pharmacologique recommandée par certaines guidelines pour un soulagement modeste mais réel. PubMed
  • Pour les pathologies inflammatoires (ex. PR) : la WBC montre des résultats prometteurs en adjuvant pour réduire douleur et certains marqueurs inflammatoires sur des séries cliniques — à proposer après discussion des bénéfices/risques et vérification des contre-indications. PubMedNature
  • Sécurité : sélection rigoureuse des patients et surveillance sont indispensables ; l’absence de standardisation des protocoles impose prudence. PMC+1

9. Références sélectionnées (liens clés)

(les références ci-dessous sont les sources que j’ai utilisées pour rédaction article)

  • Roy et al., Inflammatory response following a short-term course of chiropractic treatment (Journal of Chiropractic Medicine, 2010). PubMed
  • Étude exploratoire : Effects of spinal manipulative therapy on inflammatory mediators (Chiropractic & Manual Therapies, 2020). BioMed Central
  • ACP guideline (2017) — Noninvasive treatments for acute, subacute, and chronic low back pain. PubMed
  • Revues et essais sur Whole-Body Cryotherapy et arthrite rhumatoïde (Clinical & Experimental Rheumatology, PMC études, revues 2015–2024). orgPMC
  • Méta-analyse / revue récente montrant réduction d’IL-1β et augmentation d’IL-10 après WBC (Scientific Reports / Nature 2025; revue 2024–2025). NaturePMC
  • Position paper 2025 sur les contre-indications à la cryostimulation / WBC (IIR / groupe d’experts). orgPMC

Article rédigé par Joel Pétigax

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